Bulletin de fin d'année!

Le Bulletin nouveau est arrivé

Tiffany McDaniel, Betty, Gallmeister, 2020, 42.00 CHF

Betty, la narratrice, raconte son enfance, sa famille, dans l'Amérique des années 50 et 60.

Nous sommes dans le sud des États-Unis, principalement dans l'Ohio, dans des communautés rurales et conservatrices. La mère de Betty est blanche, issue d'une famille très religieuse, son père Landon est Cherokee. Ils auront 7 enfants, dont Betty, jeune fille à la peau brune, "petite indienne" confrontée à une société raciste, ultra-religieuse et misogyne. Elle et les siens seront aussi confrontés aux non-dits qui les entourent, aux secrets de cette famille dysfonctionnelle, qui est le fruit de la société dysfonctionnelle dans laquelle elle vit.

Grande saga familiale et tableau social abordant avec intelligence les thématiques du racisme, du féminisme, du rapport à la nature, à la création, à l'art, Betty est un sublime roman, un souffle qui court sur plus de 600 pages. C'est dur, très dur, et beau, très beau. Tous les personnages sont complexes, si incarnés qu'on les emmène avec nous bien après la fin de la lecture. MPM

Annette Hug, Révolution aux confins, Zoé, 2019, 28.50 CHF

En 1886, les Philippines sont plus que jamais sous le joug de l’Espagne, où les tensions entre colonisés et colonisateurs se font de plus en plus fortes. José Rizal, lui, se trouve en Europe pour ses études d’ophtalmologie. Il passe par la péninsule ibérique bien sûr, mais aussi par Paris, Heidelberg et finalement Leipzig, où il restera deux ans. Médecin mais aussi poète, romancier et artiste, il s’attèlera à plusieurs traductions de l’allemand au tagalog, dont le Guillaume Tell de Schiller. Annette Hug raconte cette période de la vie du jeune révolutionnaire Philippin. Comment exprimer dans son langage un paysage alpin lorsque, dans les deux langues, certains termes n’existent pas ? Le lac des Quatre-Cantons devient alors océan et les montagnes se font volcans. Biographie romancée jalonnée de réflexions sur la langue, l’autrice met en littérature ces deux révolutions, l’une légendaire en Suisse centrale et l’autre à venir aux confins de l’Asie. MR

Colson Whitehead, Nickel Boys, Albin Michel, 2020, 33.00 CHF

Figure majeure de la littérature afro-américaine, Colson Whitehead est entré, grâce à cette fiction basée sur des faits réels, au club très fermé des auteurs récompensés deux fois par le prix Pulitzer. Y est décrit le quotidien d’une maison de redressement pour mineurs, dans la Floride ségrégationniste des années soixante. On y entre pour des motifs futiles, ayant pour dénominateur commun la pauvreté. On y vit dans la peur, sous le règne de la violence et de l’arbitraire. Lorsqu’on n’y meurt pas, sommairement enterré à la va-vite, on en sort marqué à jamais. Tragique et puissant. MD

Sarah Mazouz, Race, Anamosa (coll. « Le mot est faible »), 2020, 15.30 CHF

Ce petit livre peut se résumer par l’énoncé repris sur la couverture, et dont le corps du texte est un développement détaillé : « La race n’existe nullement au sens biologique et naturel que le raciste lui attribue. Mais elle existe bel et bien socialement, comme régime de pouvoir. » La première phrase fait consensus à gauche et dans une bonne partie de la droite. Et pourtant, le racisme et la xénophobie prospèrent toujours dans nos sociétés et les partis qui en faisaient traditionnellement leur fonds de commerce sont largement débordés par l’ensemble de la droite, qui semble penser que la seule manière de leur barrer la route est de reprendre leurs déclamations nauséabondes. Preuve que se débarrasser de la notion de « race » comme catégorie d’analyse ne permet pas de fonder une stratégie anti-raciste efficace. C’est là tout le sens de la seconde phrase, qui sera sans doute plus controversée. Refuser le mot « race », c’est refuser de distinguer selon la race. Mais ne pas distinguer, c’est ne pas voir les rapports de pouvoir qui se jouent effectivement dans une société raciste. Le racisme contemporain a beau remplacer le mot « race » par celui de « culture », ce sont exactement les mêmes caractéristiques qui lui sont attribuées : une différence fondamentale et infranchissable qui rend l’autre absolument autre. Lutter contre le racisme suppose de pouvoir dire et voir le racisme, et pour ce faire, le concept de « race » entendu comme un rapport de pouvoir est une catégorie d’analyse sociologique centrale.

Au-delà de ce petit livre, je voudrais signaler l’ensemble de la collection « Le mot est faible », que les éditions Anamosa ont lancée en début d’année passée seulement, mais qui est déjà riche de sept titres, tous rédigés par des spécialistes académiques et engagé-es de la notion explorée, dans un petit format (moins de 100 pages). L’ambition de la collection semble être de constituer à petit à petit un véritable dictionnaire politique critique : « chaque fois, indique le descriptif, il s’agit de s’emparer d’un mot dévoyé par la langue du pouvoir, de l’arracher à l’idéologie qu’il sert et à la soumission qu’il commande ». On peut déjà lire Révolution de Ludivine Bantigny, Peuple de Déborah Cohen, École de Laurence De Cock, Démocratie de Samuel Hayat, Histoire de Guillaume Mazeau et Science d’Arnaud Saint-Martin. On attend prochainement Environnement de Laurent Fonbaustier et Utopie de Thomas Bouchet. FV

Alessandro Pignocchi, Mythopoïèse, Steinkis, 2020, 26.10 CHF

J'ai découvert Alessandro Pignocchi par ce troisième volume de son Petit traité d'écologie sauvage, paru en janvier 2020. Et quelle joie ! Quel formidable renversement du monde!

Je ne suis à priori pas trop porté sur l'aquarelle, les dessins doux et colorés. Mais le contraste avec le propos radical est si tranchant que s'en est absolument jouissif. D'emblée on tombe sur des mésanges anarcho-punks qui réécrivent les discours de Nicolas Hulot ou d'Emmanuel Macron pour les rendre véritablement écologistes. Des discours que ces messieurs sont ensuite fermement priés de tenir, bien sûr. Ces charmantes oiselles contribuent également, aux côtés de pinsons incendiaires, à donner à la Marche pour le climat une dimension révolutionnaire. Les pouvoirs sont destitués, les institutions subverties, les dirigeants des grandes puissances sont pris dans l'émergence d'une pensée animiste mondiale. Face à ce nouveau paradigme, un anthropologue jivaro, inquiet de conserver une pluralité de manières d'occuper le monde, s'active à comprendre et à sauvegarder certaines formes de capitalisme dans des enclaves protégées. Oui, c'est un monde bien curieux, où Macron et Merkel philosophent autour d'un feu de camp pendant que Trump se fait une amie d'une belette.

Aucune nécessité de lire d'abord les deux premiers tomes. Les courtes scènes se répondent sans se suivre chronologiquement et s'apprécient individuellement. Mais cette manière malicieuse de faire éclater notre monde moribond est si rafraîchissante qu'on a bien vite envie de découvrir le reste de l’œuvre de l'auteur. Œuvre dont une grande partie est d'ailleurs accessible en ligne : puntish.blogspot.com. DH

Laurent Mauvignier, Histoires de la nuit, Minuit, 2020, 37.90 CHF

On n'attendait sans doute pas Mauvignier, auteur de Des hommes, beau et sombre roman sur la guerre d'Algérie, en héraut du thriller psychologique. Hé bien ! il nous surprend ici en signant là un excellent roman noir, social et psychologique.

Nous sommes dans un hameau, minuscule, presque déserté, où vivent Bergogne le paysan, sa femme Marion et leur fille de 10 ans, Ida. Ils ont pour voisine Christine, une artiste venue s'exiler dans ce coin de campagne. On croit que tout va bien, mais évidemment il y a un grain de sable qui s’insinue dans cette jolie mécanique, qui va se gripper, c'est le moins que l'on puisse dire !

Sur plus de 600 pages, Mauvignier révèle les petitesses de ses personnages, les non-dits, et fait monter et maintient une tension extrême. Brillant ! MPM

Elisa Shua Dusapin, Vladivostok Circus, Zoé, 2020, 24.50 CHF

Dans ce nouveau roman, Elisa Shua Dusapin emmène les lecteur-ices loin en Sibérie, à Vladivostok. Nathalie, début de la vingtaine et récemment sortie d’une école de costumière, rejoint un cirque en fin de saison pour créer les tenues d’un trio de barre russe. Anna, Nino et Anton se préparent au concours international d’Oulan-Oude qui aura lieu quelques semaines plus tard. Dans cette ville tout au bout de la Russie, dans ce cirque déserté pour l’hiver où le froid se fait plus perçant et où les jours raccourcissent, ces quatre personnages devront apprendre à se connaître et à se faire confiance, au risque de tomber et de se briser. Entre silences et tensions, Elisa Shua Dusapin instille aussi de la douceur dans ce récit dont les images fortes nous imprègnent et nous poursuivent bien après avoir tourné la dernière page. MR

Johann Chapoutot, Libres d’obéir, Gallimard, 2020, 25.90 CHF

Historien spécialiste du nazisme, Johann Chapoutot se penche sur l’organisation du travail sous le Troisième Reich. Afin de faire face à l’immensité des tâches à accomplir pour le peuple allemand appelé à dominer le monde, une réorganisation de l’État est indispensable. Les nazis n’aiment pas s’embarrasser de règles (de suspecte origine judéo-chrétienne) préférant laisser libre cours à la spontanéité du sang aryen. Ainsi, dans le monde du travail on privilégiera des objectifs fixés par la hiérarchie, pour atteindre lesquels les subordonnés choisissent librement les moyens adéquats. Le principal théoricien de cette approche, le juriste Reinhard Höhn, fondera dans l’après-guerre une école managériale qui jouera un rôle crucial dans la formation des élites économiques de la RFA. MD

Stéphane Foucart, Stéphane Horel & Sylvain Laurens, Les gardiens de la raison. Enquête sur la désinformation scientifique, La Découverte, 2020, 35.90 CHF

Cette « enquête journalistique avec sociologue embarqué », selon le mot des aut-rices, revient sur les stratégies les plus récentes de contrôle de l’information scientifique par les grandes entreprises. Si leurs pratiques de falsification et de lobbyisme au court du XXe siècle ont déjà été largement documentées (et les deux journalistes du Monde Stéphane Foucart et Stéphane Horel ont chacun-e consacré plusieurs enquêtes à celles-ci), c’est leurs dernières évolutions qui sont analysées ici.

Au temps des réseaux sociaux, la vulgarisation scientifique et le fact checking prennent en effet une nouvelle dimension, portés des internautes dont ce n’est a priori pas le métier (c’est ici qu’intervient le sociologue Sylvain Laurens, qui en plus d’avoir travaillé sur les lobbyistes européens, a également consacré une enquête récente aux mouvements rationalistes français). Ces « gardien-nes de la raison » autoproclamé-es deviennent une cible privilégiée des grandes industries, qui cherchent à en faire des vecteurs de leur communication sur les risques des produits qu’elles commercialisent, vecteurs d’autant plus pernicieux qu’ils le sont souvent à leur insu et en toute bonne foi. Les limites déjà difficiles à établir du débat scientifique s’en trouvent brouillées encore davantage, et le doute gagne du terrain… non pas le doute salutaire du scepticisme qui pousse à la prudence épistémique et à la rigueur dans la recherche de la vérité, mais bien celui que tentent d’instiller les « marchands de doute », visant à semer le flou dans l’opinion sur les dangers des pesticides de synthèse, de l’industrie chimique, de l’énergie nucléaire, etc. etc.

Un livre essentiel, donc. Il ne s’agit pas de se figer d’effroi et de sombrer dans le désespoir et la méfiance systématique face aux savoirs scientifiques. Le but est de se tenir au courant des armes idéologiques modernes, afin de renforcer son esprit critique et sa vigilance dans sa quête d’information. FV

Marie-Ève Thuot, La trajectoire des confettis, Du Sous-sol, 2020, 39.00 CHF

Fresque monumentale, saga familiale ou roman d’amour 2.0 ? Difficile de qualifier ce premier roman passionnant de l’autrice canadienne Marie-Ève Thuot. Tout à la fois et autre chose en même temps, familier et indéfinissable, on se laisse emporter dans cette constellation de personnages à travers les époques, comme un boomerang qui défierait toutes les lois de la physique et de la chronologie. Souvent attachant-es, parfois insupportables, les héroïnes et héros de cette histoire s’interrogent sur nos rapports à l’amour, au sexe, à la procréation, entre autres choses. Où sont les limites ? D’ailleurs, y en a-t-il ? MR

Jean Rolin, Le pont de Bezons, POL, 2020, 30.20 CHF

Une année de promenades incongrues le long de la Seine, entre Melun en amont, et Mantes en aval, en délaissant les berges cossues de la  capitale. Ruines, terrains vagues, friches, culs-de-sac, sites industriels, campements de nomades ou de migrants, églises évangéliques villes paupérisées, observations ornithologiques : avec son phrasé impeccable et un grand écart réussi entre empathie et distance ironique, Jean Rolin arpente l’étranger proche, et c’est un bonheur de le suivre. MD

Christine Bard, Féminismes : 150 ans d’idées reçues, Le Cavalier Bleu, 2020, 31.90 CHF

Pour qui veut s’intéresser au féminisme, mais ne sait pas par où commencer, ou sensibiliser un-e proche récalcitrant-e et pétri-e de préjugés, une porte d’entrée assez originale et somme toute assez intelligente peut être de partir des lieux communs qui courent à son sujet. Au fil de 28 chapitres consacrés chacun à une idée reçue (« Toutes des bourgeoises ! », « Féminisme = MLF », « Les féministes sont violentes et misandres », « Le féminisme victimise les femmes », « Le féminisme est pour l’abolition de la prostitution », ou encore « On ne peut plus rien dire… »), et organisés chronologiquement, c’est à une véritable histoire des féminismes en France que nous convie l’historienne Christine Bard, de la fin du XIXe siècle jusqu’aux débats actuels. L’intérêt d’entrer dans le sujet par les idées reçues est que l’on part d’un terrain familier. La complexité des thématiques qui émerge de la déconstruction du préjugé peut paraître moins rebutante pour une personne peu familière qu’un exposé systématique des différents courants du féminisme et de leur histoire.

Ici, déconstruction ne veut pas dire simplement négation, mais mise en perspective et prise en compte de la complexité. « Dans certaines idées reçues, il y a du vrai, affirme Christine Bard. » En discutant par exemple du préjugé « Fières de leurs poils, de leurs rides, de leur gras et de leurs règles », elle ne rejette pas cette affirmation, mais souligne les raisons de la politisation du corps par les féministes et leur dénonciation de l’objectification des femmes par le regard des hommes. Au chapitre « Le féminisme est de gauche », l’autrice répond globalement que oui, historiquement le féminisme est de gauche. Mais elle présente également des tentatives peu connues de faire émerger des revendications et un positionnement féministe spécifique à droite.

L’autrice souligne en ces termes les avantages de sa démarche : « Déconstruire les idées reçues sur le féminisme, c’est bien sûr mettre au jour l’antiféminisme ordinaire ou extraordinaire, mais c’est aussi déconstruire le féminisme, le découvrir infiniment pluriel, entrer dans ses clivages, constater ses impasses, mesurer ses difficultés.  » FV

Vivian Gornick, Inépuisables, Rivages, 2020, 30.80 CHF

Vivian Gornick, après deux excellents livres déjà parus chez Rivages, nous livre un essai très personnel sur les livres qui pour elle sont "inépuisables", ceux qui l'accompagnent depuis de nombreuses années. Comme toujours dans ses écrits, elle est elle-même également l'objet de ses réflexions, et c'est de son regard franc et sans complaisance qu'elle interroge son rapport à la littérature. Et qu'elle nous fait (re)découvrir des ouvrages de D. H. Lawrence, Colette, Doris Lessing, Thomas Hardy (et voilà, j'ai acheté Jude l'obscur juste après avoir refermé ce livre...) et d'autres.

Un livre qui donne envie d'autres livres... MPM

Martin Page, Au-delà de la pénétration, Le Nouvel Attila, 2020, 17.60 CHF

Cet opuscule devrait être une lecture obligatoire. C’est dit. Cinquante ans après 1968, que reste-t-il de la libération sexuelle ? Du reste, s’est-t-on vraiment libéré-e sexuellement ? Dans ce petit manifeste, Martin Page questionne la sexualité hétéronormée. Ne serait-on pas un peu coincé du cul ? Pour citer l’auteur : « Le pénis dans le vagin est pratique, on tient un certain temps, c’est calibré, il y a un début et une fin bien précis, on accomplit son devoir sans penser et sans imaginer. La société applaudit. ». Et après ? En tant que femme et en tant qu’homme, ne mériterions-nous pas mieux que « ça » ? La sexualité a ceci d’exaltant que les possibilités sont infinies. On peut aimer la pénétration ou pas, votre partenaire peut aimer telle pratique et vous une autre. On peut se faire plaisir et faire plaisir à un-e autre ou à plusieurs, qu’importe ! Les barrières sont seulement dans nos têtes. Martin Page ne dit pas d’abandonner la pénétration mais nous propose d’aller explorer d’autres horizons et d’oser dire oui et/ou non. Car finalement, ce qui compte, c’est que tout le monde soit d’accord. (Et il y a une surprise en page 144.) MR

Mark Forsyth, Une brève histoire de l’ivresse, Du Sonneur, 2020, 30.60 CHF

Êtes-vous plutôt taverne sumérienne ou saloon du Far West ? Appartenez-vous à une culture « sèche » ou « mouillée » ? Consommé avec modération parfois, avec excès souvent, pour des motifs sacrés ou profanes, l’alcool accompagne l’humanité depuis la découverte de l’agriculture. Un guide imbibé d’humour, à l’érudition allègre sans être saoulante, grâce auquel vous n’ignorerez plus rien, ou presque, des mille et une manières de boire à travers les cultures et les continents. Hips. MD

Éléonore Lépinard & Marylène Lieber, Les théories en études du genre, La Découverte (coll. « repères »), 2020, 16.40 CHF

Ce petit manuel offre un panorama complet des différentes approches théoriques en études genre. Il présente ce que l’on pourrait appeler le volet académique du féminisme. Féminisme assumé, car la portée subversive revendiquée par les chercheu-ses de ce vaste champs de recherche est systématiquement soulignée. Chaque courant est analysé dans un chapitre, qui le présente dans son développement historique et dans ses rapports avec les autres courants. Si les autrices en évoquent aussi les limites, elles mettent surtout en avant les apports de chacune de ces élaborations théoriques. Le but de ce livre est de souligner ce que la prise en compte du genre apporte à la connaissance sociologique et d’insister sur la nécessité d’intégrer cette dimension dans l’analyse du monde social pour en comprendre toutes les autres. FV

Joe Sacco, Payer la terre, Futuropolis, 2020, 43.90 CHF

Le grand bédéiste reporter, dont vous connaissez déjà sans doute les chefs-d'oeuvre sur le conflit en Ex-Yougoslavie ou sur la Palestine, ne devait faire qu'un article sur l'extraction des matières naturelles dans le grand-nord canadien. Mais la réalité qui l'attendait en arrivant dans une communauté des Territoires du Nord était si intéressante et complexe qu'il en a fait un album entier, d'une incroyable densité.

Joe Sacco, au travers de ce récit et au fil d'une galerie de portraits de plusieurs personnages, aborde, explique, interroge d'une manière pertinente et humaniste l'histoire du peuple Dene, l'histoire du Canada, le désastre écologique, social et économique provoqué par l'arrivée des euro-américains et de leur vision utilitariste et capitaliste de la terre. MPM

Pauline Harmange, Moi les homes, je les déteste, Seuil, 2020, 20.40 CHF

Encore un livre féministe ? Oui. Pauline Harmange en a pris plein la figure avec son manifeste misandre. Ce qu’il faut savoir, c’est que nombreux sont ceux qui se sont arrêtés au titre, sans passer la couverture. Dans un opuscule appelant soit disant à l’extermination des hommes, vomissant, toujours selon ses détracteurs, un torrent de propos haineux, j’ai découvert un texte plein d’humour et bien moins radical que le laissaient penser les cris d’orfraie de ces hommes bafoués dans leur masculinité toxique. Harmange nous propose d’oser la misandrie sans rire ni rougir, d’oser plus de radicalité, d’oser aussi la sororité. Dans ce pamphlet court et limpide, l’autrice ne se fait pas pédagogue, elle affirme, et je dirais même plus, elle s’affirme. Ce livre indispensable donnera confiance aux femmes qui le liront et, avec un peu de chance, donnera quelques prises de conscience à des hommes qui en ont marre de cette masculinité lourde à porter. MR

Emmanuel Saez & Gabriel Zucman, Le triomphe de l’injustice, Seuil, 2020, 37.40 CHF

Plus grande est votre fortune, moins vous paierez d’impôts ! Les milliardaires américains paient actuellement, en proportion de leur revenu, moins d’impôts que toutes les autres catégories sociales. Si le cas américain étudié dans ce livre est paroxystique, le risque est réel que le modèle s’étende à l’Europe par effet d’une course au moins-disant fiscal, d’un business de l’évasion fiscale de plus en plus florissant, et de l’incapacité de taxer les revenus des multinationales. Les auteurs plaident pour le retour à une fiscalité progressive, qui est non seulement socialement souhaitable, mais aussi économiquement viable (avec il est vrai un nombre considérable de « si » et de « mais »). MD

Engels & Marx, Annales franco-allemandes, Editions Sociales (coll. GEME), 2020, 42.50 CHF

La parution de cette revue à laquelle collaborèrent Marx et Engels peu de temps avant de se rencontrer et de travailler ensemble à changer le monde, ne devrait pas intéresser uniquement les obsédés d’érudition marxologique tel que l’auteur de ces lignes. Car s’il s’agit d’un document précieux pour comprendre le radicalisme philosophique et politique allemand de l’époque, ainsi que d’une étape majeure dans la biographie intellectuelle de Marx et d’Engels, ces pages contiennent également des éléments de réflexion qui entrent en forte résonance avec des questions d’actualité brûlantes, et fortement clivantes au sein de la gauche.

N’a-t-on en effet pas entendu ressortir dans les débats sur la laïcité cette célèbre phrase de Marx : « La religion, c’est l’opium du peuple » ? Voilà l’occasion de replacer cet aphorisme dans son contexte complet, non seulement celui de l’article dont il est tiré, Pour la critique de la philosophie du droit de Hegel : introduction, mais celui du projet éditorial dans lequel il s’intègre, projet qui représente tout un programme intellectuel et politique. L’introduction et l’appareil critique élaboré par l’équipe de la GEME (Grande Édition Marx-Engels) permet d’en comprendre les grandes lignes et offre de précieuses clés de lecture.

On peut donc étudier le statut réel de la critique de la religion chez Marx. Il s’attache en particulier dans l’article Sur la question juive à lutter contre les discriminations religieuses, et surtout à souligner que la lutte contre la religion ou les pratiques religieuses n’a pas de sens politiquement. Pour faire disparaître la religion, il faut faire disparaître les conditions sociales de son existence, car tant qu’il existera une souffrance sociale, il y aura une sorte d’antidouleur spirituel, sous la forme de la religion (l’opium du peuple). Malgré son mépris profond pour la religion juive, voire pour les Juifs eux-mêmes, Marx milite pour que cette communauté puisse accéder de plein droit à la citoyenneté politique (ce qui est une question d’actualité, à l’époque, les Juifs étant privés de droits politiques en Allemagne). Une telle citoyenneté inclut évidemment le libre exercice de sa religion. Il explique ensuite que si la libération politique, soit la conquête de la démocratie et d’un État qui ne s’occupe plus de religion et respecte les Droits humains fondamentaux, si cette libération politique est absolument nécessaire, elle est tout aussi absolument insuffisante. C’est la disparition du commerce et de l’argent qui constitue la condition d’une libération humaine intégrale. FV

Bibia Pavard, Florence Rochefort & Michelle Zancarini-Fournel, Ne nous libérez pas, on s’en charge, La Découverte, 2020, 40.80 CHF

Histoire très vivante et très riche des féminismes français, cet ouvrage réussit le petit exploit d’être abordable pour le grand public, tout en offrant un outil de recherche académique important. Cet équilibre difficile oblige immanquablement à certains compromis, mais le pari est globalement gagné. Cela est en grande partie dû au choix des autrices de se concentrer sur l’exploration approfondie de nombreuses études de cas, plutôt que de présenter une synthèse abstraite. Cela en fait un exposé bien documenté et stimulant pour les chercheu-ses du domaine, tout en permettant de présenter les grandes tendances et évolutions du mouvement féministe de manière très concrète et accessible. On voit les logiques à l’œuvre et les tensions et les controverses se jouer au plus près des act-rices de l’histoire. Une autre richesse de cet ouvrage est de chercher à fournir une consistance historique aux théorisations contemporaines de l’intersectionnalité (la prise en compte de l’articulation des rapports sociaux de genre, de race et de classe, entre autres), en interrogeant systématiquement le rapport complexe des féministes de chaque période étudiée au mouvement ouvrier ainsi qu’aux luttes anti-esclavagistes, puis anti-colonialistes et post-coloniales, en donnant toujours également la parole à des féministes issues des classes ouvrières et des pays colonisés.

Les autrices remontent ainsi le fil de ce mouvement pluriel et constamment renouvelé jusqu’aux batailles les plus contemporains, de la théorie queer aux débats sur la laïcité, en passant par la prostitution et la pornographie, en présentant toujours les manières diverses et conflictuelles dont ces enjeux sont investis par les féministes, le tout avec une grande finesse et une clarté admirable.

On aurait pu souhaiter un appareil critique un peu plus fourni (une table des matières plus détaillée, un index thématique et regroupant aussi les noms des organisations, en plus de celui des noms de personnes, ainsi que plus d’indications bibliographiques), ce qui en aurait fait un outil de travail plus maniable pour les historien-nes et aurait facilité la navigation des lect-rices dans cette longue histoire où les personnages sont nombreux et resurgissent souvent à différentes époques, comme dans un roman russe. Nul doute cependant que ce livre restera malgré cela une référence incontournable pour un bon moment. FV

Nastassja Martin, Croire aux fauves, Verticales, 2019, 20.70 CHF

Une anthropologue sort vivante mais défigurée d’une rencontre rapprochée avec un ours sur les pentes d’un volcan au Kamtchatka. Avec une écriture sauvage et griffue, elle livre le récit de sa reconstruction physique tout en menant une réflexion passionnante sur la porosité entre les mondes humain et animal. Recevoir l’étreinte de la bête, en effet, échanger son sang avec elle, n’est pas anodin, en particulier pour les cultures animistes dont elle est spécialiste. MD

Jesus & Jenny Verona, Carl et Elsa s’envolent, Cambourakis, 2020, 21.50 CHF

Carl et Elsa s'envolent est le troisième volet de la série de ces deux personnages, chaque titre pouvant toutefois se lire de manière indépendante. Et chacun est un bijou !

Les deux amis se retrouvent pour observer les étoiles, et comme toujours leur imagination et leur esprit d'enfant vont les entraîner dans une aventure extraordinaire. Cette fois-ci, l'exploration de la lune et de l'espace.

Quels magnifiques albums, quelle belle et intelligente série que ces Carl et Elsa ! Une héroïne téméraire, un héros sensible, un papa qui fait la lessive au détour d'une page, des personnages noirs, métis et blancs, ajoutez-y des histoires simples mais belles, des hommages poétiques à l'imagination enfantine, et des dessins magnifiques... Carl et Elsa, ou comment faire des albums "parfaits" ?! MPM

Léo Timmers, L’échappée du chimpanzé, Cambourakis, 2020, 21.50 CHF

Petit chimpanzé quitte la voiture de son père pour aller faire des singeries ailleurs. Sur le camion des pompiers rinhocéros, sur le véhicule-salon lavoir des ratons-laveurs, ... Avant de retrouver toute sa famille, bien sûr.

Une histoire presque sans texte, mais qui n'en a pas besoin, tant l'histoire se déploie par les dessins, magnifiques, foisonnants. À lire et relire, encore et encore, pour apprécier tous les détails des dessins de Leo Timmers. MPM

Xavier-Laurent Petit, Histoires naturelles : Mission mammouth, École des loisirs, 2020, 17.40 CHF

Le père d'Anouksan aurait voulu un garçon. Anouksan est une fille. Son père l'élèvera alors comme un homme, il lui apprendra à chasser, à trapper, à survivre dans ces forêts et cet hiver sibérien qui est leur terre. Ils partagent la terre avec les animaux, avec la nature et les esprits, et bientôt avec un mammouth englouti par la glace! Anouksan vivra alors une incroyable aventure, au fil des paysages, des pays, des époques.

Mission mammouth est le troisième volet de la série des Histoires naturelles, du toujours excellent Xavier-Laurent Petit. Si vous ne le connaissez pas encore il faut le découvrir, découvrir son oeuvre pour enfants et adolescents. Ses récits où il interroge nos rapports à la nature et à l'Histoire, romans passionants, avec des personnages forts, curieux, intelligents. Et si vous le connaissez je ne vous dis rien, vous savez déjà ! MPM

Les suggestions de Valentin

Notre stagiaire Valentin vous fait part de ses suggestions de lectures.

Jim Fergus, Mille femmes blanches : les carnets de May Dodd, Pocket, 2011, 14.60 CHF

Voici une histoire véridique, mais romancée par Jim Fergus, sous la forme d’un journal intime. Un livre cruel et doux à la fois. C’est l’histoire d’un accord abominable entre la civilisation barbare américaine et les « sauvages » indigènes, qui échangent mille femmes blanches contre mille chevaux indomptables. Les indigènes espèrent par ce marché favoriser leur « intégration » à la « civilisation » américaine.

Riad Sattouf, L’arabe du futur : une jeunesse au Moyen-Orient, 5 volumes, Allary, 2014-2020, vol. 1-3 : 34.10 CHF/vol., vol. 4 : 39.90 CHF, vol. 5 : 37.40 CHF

Une bande dessinée autobiographique d’un jeune garçon inoffensif qui vit en Lybie et ensuite en Syrie. Ces deux pays hostiles vont rendre son enfance difficile.

L’histoire s’étend pour l’instant de 1978 à 1994.

Jack London, Martin Eden, Libretto, 2010, 20.10 CHF

C’est l’histoire d’un homme inculte et farouche qui tombe amoureux d’une fille délicate et cultivée. Il se met alors à s’instruire afin de la séduire. Puis il s’acharne à l’écriture pour devenir écrivain mais ses magnifiques travaux seront méprisés. Il persévère toutefois et croit en lui contre tous !

LA SUGGESTION DE LA RÉDACTION DU JOURNAL MOINS !

Hervé Krief, Internet ou le retour à la bougie, écosociété, 2020, 13.60 CHF

Ce petit livre a une belle histoire éditoriale. Sorti en 2018 dans une modeste structure associative suivant des choix radicaux, «pas d’ISBN, pas de code barre, refus d’utilisation d’Internet et des courriers électroniques aux fins de vente et de promotion», il connaît un succès inattendu : cité dans plusieurs journaux, parti en tournée et finalement vendu à 2'500 exemplaires, le tout sans Internet comme le raconte l’auteur. Ce dernier a depuis fait confiance aux Editions québécoises écosociété pour le rééditer. La démarche de base entrait ainsi en cohérence avec le contenu du livre : penser, en 13 chapitres brefs et percutants, le problème Internet dans sa globalité (TIC, écrans, numérique…), les dégâts qu’il cause, la « soumission volontaire et heureuse » qu’il induit. Ni expert, ni scientifique mais musicien engagé, Hervé Krief laisse ouvertement de côté les chiffres et les statistiques pour osciller entre réflexions générales (s’appuyant sur les précurseurs de l’écologie politique) et observations personnelles que tout un·e chacun·e peut faire dans son quotidien : « Nul besoin d’être un expert, il suffit d’observer le monde autour de soi ». Il est tout de même bon qu’on vienne nous rappeler les destructions multiples et les pollutions qui se font ailleurs, l’avènement de « l’hommécran » et de la « femmécran » ici comme ailleurs, et partout « l’élimination méthodique des savoir-faire, des savoir-être ensemble et des savoir-penser autonomes ». En décrivant le triomphe d’Internet qui réussit « un tour de force inédit […] : réunir en son sein, dans sa vénération et son idolâtrie, les partisans de l’ordre établi néolibéral et la quasi-totalité de leurs opposants, qui militent pour changer le monde qu’ils jugent injuste », ce livre donne aussi des raisons claires d’y résister, dans ce monde d’après qui est, plus que jamais, un monde pris dans la toile.

François Friche

Les suggestions que nous n’avons pas eu le temps d’écrire mais qu’il faut lire quand-même et les parutions poche dont nous vous avons déjà parlé :

Friedrich Engels, Les principes du communisme, Editions Sociales, 2020, 8.50 CHF

Robin J. DiAngelo*, Fragilité blanche, ce racisme que les Blancs ne voient pas*, Les Arènes, 2020, 30.80 CHF

Carlos Salem, La dernière affaire de Johnny Bourbon, Actes Sud, 2020, 32.40 CHF

Roxane Gay, Hunger, Points, 2020, 12.60 CHF

Pierre Singaravélou & Sylvain Vernayre, Le magasin du monde, Fayard, 2020, 42.00 CHF

Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, Points, 2020, 16.90 CHF

Élisa Shua Dusapon, Les billes du Pachinko, Folio, 2020, 12.90 CHF

Mathias Enard, Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs, Actes Sud, 2020, 34.70 CHF

Andrea Donaera, Je suis la bête, Cambourakis, 2020, 30.80 CHF

Julien Weisbein et Samuel Hayat, Introduction à la socio-histoire des idées politiques, De Boeck, 2020, 34.50 CHF

Reginald Dwayne Betts, Coupable, Globe, 2020, 20.30 CHF

Tom Bouman, Dans les brumes du matin, Actes sud Noir, 2020, 35.40 CHF

Laurent Petitmangin, Ce qu’il faut de nuit, La manufacture des livres, 2020, 27.50 CHF

Katja Kettu, Le papillon de nuit, Actes sud, 2020, 35.40 CHF

Paul Gilroy, Mélancolie postcoloniale, B42, 2020, 39.10 CHF

Roberto Calasso, Le chasseur céleste, Gallimard, 2020, 37.90 CHF

David Graeber, Les pirates des Lumières, ou La véritable histoire de Libertalia, Libertalia, 2019, 30.60 CHF

Toute la collection « Les plis », chez L’Orma editore : des livres à expédier !

Basta ! au rythme des fêtes de fin d’année

Basta !  –  UNIL prend trois semaines de vacances : nous serons fermés dès le vendredi 18 décembre à 13h et serons de retour le lundi 11 janvier à 9h.

Basta !  –  Chauderon sera exceptionnellement ouverte les lundis après-midi du mois de décembre jusqu’à Noël:

les 7 et 14 décembre de 13h à 18h30

Le 21 décembre de 10h à 18h30

Le jeudi 24 décembre, Basta !  –  Chauderon sera ouverte jusqu’à 17h, puis prendra une pause bien méritée après ces mois de folie.

La librairie sera fermée du 25 décembre au 4 janvier 2021. Nous serons de retour le mardi 5 janvier dès 10h aux horaires habituels.

Nous vous souhaitons à toutes et tous de bonnes fêtes de fin d’année, de finir 2020 en bonne santé et de commencer 2021 en fanfare !

Amitiés,

Les libraires

Librairie Basta! Chauderon

Rue du Petit-Rocher 4

1003 Lausanne

chauderon@librairiebasta.ch

Librairie Basta! UNIL

Anthropole

1015 Lausanne

dorigny@librairiebasta.ch

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Soutenez la librairie B A S T A ! – adhérez à la coopérative !

Librairie spécialisée en sciences sociales, BASTA ! offre aussi un choix de nouveautés, des conseils bibliographiques, un service de commande aux personnes et aux bibliothèques, la possibilité d'achats groupés pour les écoles. BASTA ! est présente lors de manifestations culturelles, où elle tient des stands de livres.

BASTA ! librairie solidaire, fournit des locaux de réunion aux mouvements et associations engagés dans les luttes sociales. Elle accueille notamment OBSESSION, l’un des meilleurs disquaires indépendants de Lausanne, et La Distinction, revue de critique sociale, politique, littéraire, artistique, culturelle et culinaire, ainsi que la rédaction du journal Moins, journal décroissant, qui tient une bibliothèque d’écologie politique.

Une librairie indépendante, deux magasins autogérés au centre ville et à l’Université. Toute l’année, rabais de 10% aux étudiant.e.s et apprenti.e.s

Les nouveautés, les manifestations, les ami.e.s, avec un formulaire de commande en ligne figurent sur la page internet www.librairiebasta.ch

B A S T A ! Une coopérative

BASTA ! répond à une demande exigeante et survit obstinément dans un environnement commercial difficile, dominé par les géants du livre qui laissent peu de place aux petites librairies. Celles-ci ont un rôle primordial à jouer pour lutter contre la standardisation culturelle.

Les parts sociales de la coopérative garantissent la survie de deux librairies indépendantes. Elles permettent de participer au choix de l’assortiment, d’organiser des animations culturelles, associatives et politiques dans les locaux.

L’assemblée générale réunit coopératrices et coopérateurs au minimum une fois par année.

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