Bulletin de l'été - Luther Blissett, Q, l’œil de Carafa

Bulletin de l'été - Luther Blissett, Q, l’œil de Carafa
Luther Blissett, Q, l’œil de Carafa, Seuil, 2021, 41.70 CHF
Luther Blissett est un pseudonyme utilisé depuis les années ‘90 par des artistes activistes européens, artistes spécialisés dans le canular médiatique et politique. Le collectif italien Luther Blissett, qui nous intéresse ici, a été créé à Bologne en 1994, et Wu Ming (« anonymes », en chinois) en est un sous-groupe. Q, le premier roman d’un collectif de quatre écrivains italiens a été édité sous le pseudonyme de Luther Blissett, les suivants (l’ex- cellent Manituana, entre-autres, maintenant épuisé, trois fois hélas) sous celui de Wu Ming.
Le but du collectif était d’explorer « les territoires des narrations hybrides » selon la présentation de son site internet, et de partager des idées libertaires, critiques, à travers des fictions, le plus souvent historiques.
Q, l’oeil de Carafa est un ovni littéraire, un roman historique d’une ambition et d’une érudition folles et qui narre environ quarante années de luttes en Europe à l’apparition du protestantisme. Un des narrateurs parcourt l’Europe de Charles Quint, François 1er et Soliman le magni que, spectateur et acteur des luttes contre l’église catholique. Nous croiserons entre autre, en suivant ses pas, Martin Luther, Thomas Müntzer, l’instigateur de la grande révolte pay- sanne, des anabaptistes, des commerçants anversois, avant de clore notre voyage à Venise.
Le deuxième narrateur, « Q », est l’espion du cardinal Carafa, ce dernier étant à la tête de la frange dure de la Curie romaine, et un des instigateurs de l’Inquisition. « Q » est chargé de faire échouer de l’intérieur les révoltes contre l’église romaine.
Une déflagration, un ovni, une réussite totale. MPM