Bulletin de l'été - Opération vasectomie

Bulletin de l'été - Opération vasectomie
Élodie Serna, Opération vasectomie, Libertalia, 2021, 17.- CHF
La vasectomie — cette opération bénigne de stérilisation masculine qui consiste en la section des canaux déférents se pratique depuis plus de 130 ans et elle a désormais son histoire (et non, elle n’est pas le fait d’un bonhomme). Elodie Serna y a d’abord consacré sa thèse de doctorat à l’Unige en se focalisant sur la période de l’entre-deux guerres. Elle revient avec cet ouvrage complet, panorama international richement sourcé couvrant plus d’un siècle et retraçant les di érents mouvements en faisant la promotion et les multiples obstacles s’y opposant. Elle en montre la diversité des motivations, des résistances et les réappropriations en tout genre. Tour à tour pratiquée pour des raisons de santé, comme instrument d’oppression ou d’émancipation politique, cette technique médicale d’une simplicité effarante a connu depuis ses origines de nombreux promoteurs et de bien plus nombreux détracteurs. À ses débuts, l’intervention est plébiscitée par des médecins en vantant les avantages rajeunissants, mais très vite égale- ment par des penseurs eugénistes à des ns moins louables. Des politiques de stérilisation forcée jusque dans les années 40, puis, dans les années 50 à 70, de contrôle des naissances auprès de populations pauvres rarement consen- tantes, elle est une illustration de l’instrumentalisation perverse d’une tech- nique au service de la domination validiste à l’occidentale. Mais en parallèle, elle est également revendiquée dans des milieux anarchistes proches des mou- vements ouvriers comme un moyen d’émancipation, pratiquée illégalement dans des appartements privés ou des arrières-salles de bars, à prix libre par des médecins militants au risque souvent de leur liberté. Passablement tom- bée dans l’oubli depuis les années 80, elle jouit d’un regain de popularité dans certains pays depuis une dizaine d’années, bien que la part des hommes stéri- lisés reste ô combien largement en-dessous de celle des femmes, alors que la technique est bien plus simple, moins invasive et moins risquée.
Tandis que les luttes féministes n’en finissent pas de réclamer une égalité qui ne vient pas, il est temps que les hommes prennent une part active dans les questions contraceptives et cessent d’en laisser toute la responsabilité à leur partenaire femme. Les méthodes contraceptives pour homme existent mais qui en a seulement déjà entendu parler ? On espère que ce livre sera un petit pavé sur la longue route qui mène à l’information de toustes. Et pour qui l’aspect dé nitif de la vasectomie serait rédhibitoire, il existe toujours — ou à faire soi-même en DIY — le « remonte-couilles toulousain ». DH