Contre l'austérité

Après le large mouvement social de contestation des coupes budgétaires imposées dans le canton de Vaud, Les librairies Basta ! tiennent à exprimer leur rejet total des politiques d’austérité.

Le coût des économies et qui en paie le prix

Couper dans les services publics, ce n’est pas réellement faire des économies. Ce n’est d’ailleurs pas le but recherché. Les coupes budgétaires coûtent en réalité très cher à la société. Vous trouvez que l’éducation coûte cher ? Essayez l’ignorance. Vous trouvez que soigner correctement les gens coûte cher ? Essayer de ne pas les soigner ou de ne pas les soigner assez tôt. Mais cela, les représentantxes du capital le savent très bien et ce n’est pas leur problème. S’ielxs souhaitent réduire les dépenses publiques, c’est simplement parce qu’ielxs n’en ont pas besoin, et peuvent très bien faire appel à des services privés très performants en cas de besoin, qui coûtent cependant cher et ne sont pas accessibles à l’ensemble de la population. Ce qu’ielxs ne veulent pas, c’est être mixses à contribution pour financer des services qui bénéficient à touxtes. Les cadeaux fiscaux qu’iels s’offrent aussi souvent que possible répondent précisément à cette logique : se retirer de la contribution à la collectivité. Et cela permet par ailleurs d’assécher les finances publiques pour ensuite justifier par le déficit ainsi créé des politiques d’austérité. Celleux qui en paient le prix, ce sont les personnes les moins favorisées. Plus notre position sociale est précaire, plus on dépend de services publics de qualité. Ainsi, les coupes renforcent mécaniquement toutes les inégalités et les personnes pénalisées seront bien entendu les pauvres avant les riches, mais aussi les femmes avant les hommes, les personnes racisées avant les blanches, les personnes handicapées avant les valides, etc.

Austérité bien ordonnée commence par soi-même

Ce sont les représentantxes de la bourgeoisie, du grand capital, de la propriété privée lucrative, qui imposent les coupes dans les services publics. Or en contexte d’explosion des inégalités, ne pourrait-on pas demander à celleux qui nous matraquent avec leurs mesures d’austérité de commencer par elleux-mêmes ? Les possibilités de montrer l’exemple de la sobriété volontaire sont légion : plafonnement des hauts revenus, lutte contre l’évasion fiscale, renationalisation des « régies publiques » (ces formules destinées à privatiser les profits et nationaliser les pertes), etc. Cela serait profitable à tout le monde. Prendre l’argent là où il est pour financer la santé publique, l’éducation publique, les transports publics ; réduire la part des ressources accaparées par celleux qui veulent priver le reste de la population de services publics de qualité ; mettre ces ressources à la disposition de tout le monde ; en un mot, faire exactement l’inverse de ce que la droite est en train de faire, c’est là un enjeu politique central. S’il est important que l’humanité apprenne collectivement à vivre mieux avec moins, il est inacceptable que la partie de l’humanité la plus aisée, celle qui pollue et détruit le plus, celle qui exploite, celle qui consomme hors de toute mesure, que cette partie-là de l’humanité, pour vivre encore mieux, oblige touxtes les autres à vivre avec encore moins.

Au lieu d’attaquer les services publics, les étendre

La logique même du service public, quand celui-ci n’est pas gangréné par les techniques du new management et l’idéologie marchande du néolibéralisme, est de mettre en commun et au service de touxtes les ressources de chacunxe. C’est à un renforcement de cette logique qu’il importe de travailler, à tous les niveaux. L’idée de vraiment réduire la bureaucratie dans les services publics n’est pas mauvaise. Voilà ce qui pourrait être fait dans ce sens. Supprimer les postes de chefxfes occupés par des petitxes managers sortixes d’une école de commerce et n’ayant aucune compétence dans le domaine d’activités qu’ielxs supervisent. Rendre la gestion des services aux travailleuxses qui connaissent le métier. Et bien sûr, procéder à un recadrage idéologique majeur, consistant à sortir de la logique de rentabilité. Le principe qui doit présider à toute réforme économique, quelle qu’elle soit, réside tout entier dans cette formule de justice sociale forgée par les communistes françaixes des années 1840 : « De chacunxe selon ses moyens, à chacunxe selon ses besoins. »

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