Engagements, chroniques et autres textes - Alain Accardo
Alain AccardoEngagements, chroniques et autres textes (2000-2010)Agone,
Alain AccardoEngagements, chroniques et autres textes (2000-2010)Agone, Marseille, 2011, 307 p.
Alain Accardo, c’est ce sociologue engagé, Français d’Algérie, en réalité petit-fils d’émigré napolitain, qui a commencé à travailler avec Pierre Bourdieu lorsque celui-ci faisait ses premières enquêtes ethnographiques en Algérie, dans les années de la guerre du même nom. C’est aussi l’auteur de Le petit-bourgeois gentilhomme et de De notre servitude involontaire ─ Lettre à mes camarades de gauche, tous deux publiés aux éditions Agone. Deux ouvrages où il explique que le système de domination et d’exploitation maintenu d’une main de fer par le capitalisme n’est pas seulement hors de nous, qui pourtant le rejetons, mais en nous. Il s’agit par conséquent, si nous voulons réellement le combattre, de comprendre à quel point nous avons inconsciemment intériorisé ses normes, ses règles, donc combattre ce qu’il a fait de nous.
Ses chroniques, publiées depuis plusieurs années dans les journaux La Décroissance ou Le Sarkophage, ou encore sur le blog des éditions Agone, reprennent ce même thème, évidemment, mais pointent aussi la pensée molle, les indignations convenues, le mythe du changement, le «journalisme de classe moyenne». Il s’étonne, par exemple: pourquoi une telle absence de réaction à l’intronisation du fils Lagardère à la place du père Lagardère à la tête du groupe du même nom, producteurs d'avions, de livres et de journaux? ? Il se moque aussi de tous ceux qui ne jurent que par le «dialogue», prélude à la «réconciliation» qui verrait tous les actionnaires et tous les salariés jetables se donner la main. Enfin, il rend hommage à Pierre Bourdieu, ce qui n’est pas rien, par les temps qui courent.
Des textes brefs, pour la plupart, précis, percutants, à lire dans le bus en picorant. Mais c’est encore mieux quand on les lit dans l’ordre, pour suivre une pensée et un engagement qui ne se sont jamais démentis depuis cinquante ans.