Günther Anders, "La catacombe de Molussie", L’Echappée, 2021, 40.80 CHF

En Molussie totalitaire, dans les sous-sols de la prison d’État, deux détenus pris dans l’obscurité de leur cellule sans fenêtre se racontent des histoires. Le plus ancien transmet ainsi au nouvel arrivant un savoir qu’il a lui-même reçu des précédentes générations de prisonniers. Un peu à la manière de Mille et Une Nuits politiques, les fables révèlent peu à peu les dispositifs aliénants mis en place par le régime, les ressorts de la propagande et de la répression, de même que les techniques de résistance et les espoirs de jours meilleurs. C’est d’ailleurs dans cette dernière visée que réside la raison même de cette transmission : ces savoirs un jour remonteront à la surface pour éclairer le peuple là-haut enfin prêt à les entendre et, qui sait, à prendre les armes contre leurs tyrans.
Commencé en Allemagne au début des années 30, ce roman philosophique est autant une critique du régime nazi en train de se mettre en place qu’un regard acerbe et intransigeant sur la modernité, la technologie et la société de consommation en train d’émerger. À placer quelque part entre Kafka et Orwell. DH