Jours d'exil - Ernest Coeurderoy
Ernest Cœurderoy, Jours d'exil, [1854], Genève, Héros-limite, 2015.
Ernest Cœurderoy, Jours d'exil, [1854], Genève, Héros-limite, 2015. 928 pages, 48 fr.
Dans la rubrique Guillemets, nous avions mis naguère ces quelques lignes :
« L'Avenir dissoudra le gouvernement civilisé ! La clef de voûte de tous les intérêts injustes, le lien qui les resserre en un faisceau, les étrangle et les déchire pour les conserver mieux au risque de les rompre ! La machine à broyer le pauvre, à écorcher le riche, à les éterniser l'un et l'autre, lépreuses, souffreteuses espèces que rien ne peut guérir ! La verge fleurie de la violence que les peuples remettent aux plus audacieux, aux plus scélérats des hommes, aux descendants d'Aaron pour nous fouetter jusqu'au sang ! La Méduse moderne, ouvrant les mille bouches inassouvies de ses fonctionnaires sur les épaules des majorités patientes ! »
Il y en a 800 pages comme ça, d’un seul souffle imprécateur ; elles sont encadrées par quelques commentaires. Le médecin Ernest Cœurderoy, proscrit de la révolution française de 1848, se réfugie en Suisse (pendant la moitié de l’ouvrage), puis se retrouve exilé en Espagne (il y a des pages magnifiques contre la corrida) et en Italie (avec notamment une forte critique de la situation faite aux femmes). En Suisse, il pratique la médecine, étudie la situation des pénitenciers, se dépeint en citoyen du monde.
On peut ouvrir le volume à n’importe quelle page, le lire à haute voix, haut les cœurs !
« Que les hommes ne fassent plus de révolutions, tant qu’ils n’auront pas appris à se passer du pouvoir. Qu’ils n’écrivent plus, tant qu’ils ne seront pas décidés à braver l’opinion. »
M. E.