La société des vagabonds - Harry Martinson
Harry Martinson, La société des vagabonds Marseille, Agone, 2014 315
Harry Martinson, La société des vagabonds
Marseille, Agone, 2014
315 p., 34.80CHF.
Dans la même vie, Harry Martinson (1904-1978) aura été matelot, vagabond, militant et prix Nobel de littérature (1974). Une grande partie de son œuvre est autobiographique et La société des vagabonds revient, sous une forme romancée, sur ses années de trimard.
Certes, l’action se passe à la fin du XIXe siècle et rien ne dit que Bolle, le personnage principal, soit un « double » de Martinson. Mais il faut avoir été vagabond pour écrire ces pages, relater l’expérience de la route sans fin, les questionnements obsessionnels, sans réponse, et la fatigue, le froid, la chaleur, les moustiques, la peur. Tout cela sent le vécu, de même que les réflexions angoissées, terriblement lucides, sur le regard des autres – ces gens « normaux » qui tiennent rarement le trimardeur en haute estime. La société des vagabonds ne se lit pas forcément d’un trait, ce n’est pas un roman à suspense mais une collection de brefs récits, d’évocations poétiques, toujours écrites d’une plume virtuose. De ces pages montent les senteurs de mille herbes sauvages, et le vertige des grandes questions métaphysiques. Lire ce livre donne envie de marcher… et de s’arrêter, de temps en temps, pour le relire.
NS