Titu Takalo, "Moi, Mikko et Annikki", Rue de l’échiquier, 2020, 37.30 CHF
Le nouveau bulletin de Noël est arrivé! Suggestion de l’équipe de la revue "Moins" par François Friche
En jouant sur les couleurs et les variations de style, l’autrice nous parle tour à tour d’elle-même, de ses amours pour son compagnon et pour son lieu de vie, Annikki: un quartier de maisons en bois au cœur de la ville ouvrière de Tampere en Finlande, un îlot historique menacé d’être démoli pour faire place neuve, un lieu de vies alternatives en tout genre. Traduite du finnois, cette bande dessinée – qui a reçu de nombreux prix – suit le cours de cette histoire inscrite dans celle de la ville: les usines, le rôle des femmes, les migrations, la pauvreté, la guerre civile... On y suit alors les luttes pacifiques pour la défense de ce petit bout de ville datant d’avant la Première Guerre Mondiale (comme seulement 2% du bâti finlandais), entre mobilisations, projets divers et batailles juridiques aux multiples rebondissements (parfois difficiles à suivre, il est vrai). Contre le pétrole, le plastique, le béton ou de la voiture, rien de mieux que la récup’, l’habitat engagé, l’entraide et l’énergie collective. Et pour une fois, l’histoire se termine bien. Celle de «gens tout à fait ordinaires» qui «ne se contentèrent pas de dire: "Quelqu’un devrait faire quelque chose!", mais […] le firent eux-mêmes.»