Alessandro Pignocchi, La recomposition des mondes, Seuil, 2019, CHF 25.50

Le projet d’aéroport qui avait fait de Notre-Dame-des-Landes une « Zone à défendre » (ZAD) a enfin été abandonné définitivement. Les autorités ont donc estimé que l’occupation des lieux par les militant_es écologistes qui les avaient investis n’avaient plus lieu d’être et les forces de l’ordre sont envoyées sur place pour les déloger. C’est ici que s’ouvre la bande dessinée de Pignocchi. Mais les lieux avaient pourtant été investis, précisément, et dans un sens très différent du mot « investir » que celui que connaissent le président Macron et ses prédécesseurs : investis de sens, investis d’un projet de société fondamentalement différent, c’est-à-dire profondément démocratique, écologique et social. Pignocchi nous emmène dans les contrées inexplorées de l’utopie concrète, où les militant_es peuvent faire de la pédagogie à destination de la police, ou l’on repense de fond en comble notre rapport à notre environnement vivant (humain, animal et végétal), et où les nostalgiques de l’ordre capitaliste partent à travers mers pour coloniser le continent de plastique, dernier vestige de notre civilisation pourrie. On rit et on pleure d’une page à l’autre, porté_es par ces émotions qui nous saisissent lorsqu’on voit des personnes prendre en main leur destin et mettre toute leur énergie créatrice dans la construction d’un monde meilleur ! FV