Hubert Haddad, L’Invention du diable, éditions Zulma, 2022

Au milieu d’une de ces nuits dont les mystères obscurs font et défont les pactes les plus prodigieux, après une carrière de soudard passée à ferrailler à la solde de diverses noblesses au terme de laquelle il troque le glaive pour la plume, Marc Papillon de Laphrise, hobereau, poète libertin et bretteur invétéré, sentant battre en ses veines le sang féroce des véritables poètes, scelle son épique destinée par un marché passé avec le prince de lumière qui l’adoube à l’immortalité tant que son art et son patronyme n’auront pas rejoint aux faîtes de la gloire les grands noms des si illustres aèdes, — et c’est ainsi qu’il vagabonde entre Loire et Paris, entre infamie, aventures burlesques et sublimes amours, et traverse les labyrinthes du temps et de l’histoire, depuis le siècle seizième et jusqu’aujourd’hui celle qui avec sa grande hache fauche dans les rues et les campagnes au gré des guerres, des révolutions et des épidémies, pour surgir ci-devant dans la tortueuse prose chantournée, chatoyante des mille feux d’une langue française d’une richesse étourdissante, ciselée en d’invraisemblables circonvolutions baroques, dont cette courte chronique ne peut être qu’un bien terne et déformant miroir, par un Hubert Haddad flamboyant, lequel parviendra peut-être, selon la postérité du présent ouvrage, à rendre au repos éternel ce brave Papillon. DH