Le jour des corneilles

Jean-François Beauchemin, "Le Jour des Corneilles", Paris: Editions

Jean-François Beauchemin, "Le Jour des Corneilles",
Paris: Editions Libretto, 2013, frs12.60
 
 
Au fond d’une forêt épaisse vivent le père Courge, géant taciturne, cyclothymique et lecteur d’étoiles, et son fils, homme sensible qui possède ses entrées dans le monde des morts. Comparaissant devant un tribunal, le fils déroule l’histoire de sa vie d’homme des bois avec son géniteur. Si la nature est puissante et bien présente, ce qui est bien plus imposant est la relation avec le père, qui parfois part en mission à l’appel de « ses gens », qu’il entend dans sa tête.

Depuis la mort en couche de la mère, le colosse a perdu pied et fais subir à son fils mille infamies. Celui-ci, privé d’amour, cherche la preuve tangible de l’existence du sentiment, converse avec sa mère et avec les autres défunts de passage qu’il est seul à voir. Hélas les morts ne répondent jamais. Il lui faudra faire et voir beaucoup avant de voir le bout de son errance sentimentale.
 
L’histoire, en apparence simple, d’une relation père-fils prend avec la langue de Beauchemin une dimension rare. Québécois, l’auteur réinvente un langage, entre anglicismes francisés et archaïsmes poétiques, que seuls deux ermites d’un autre âge peuvent parler.
Un texte qui ne ressemble à rien d’autre, court, mais intense.

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