Petros Markaris, Le crime, c’est l’argent

Petros Markaris, *Le crime, c’est l’argent*, Cambourakis, 2023

Le livre s’ouvre par un enterrement des plus singuliers : la gauche n’est plus, il faut l’enterrer avec cercueil et couronne. C’est l’idée de Lambros Zissis, l’ancien militant communiste qui a dans sa jeunesse passé plus de temps en garde à vue ou en prison que dehors. À force, il a fini par devenir le meilleur ami du commissaire Charitos, le héros récurrent des policiers de Petros Markaris. Le crime, c’est l’argent, continue de creuser le sillon critique de la tétralogie inspirée de la crise financière grecque (Liquidations à la grecque ; Le justicier d’Athènes ; Pain, éducation et liberté ; Epilogue meurtrier). Des investisseurs étrangers sont mystérieusement assassinés : un cauchemar pour les autorités qui craignent de voir partir en fumée des contrats prometteurs pour le pays ; une aubaine pour l’extrême droite qui se saisit de l’occasion pour accuser les migrants, responsables à ses yeux du climat d’insécurité. Comme de coutume, le charme du livre ne réside ni dans l’enquête policière, tout sauf haletante, ni dans la personnalité du peu charismatique Charitos. Casanier, sans autres passions que les recherches étymologiques dans son vieux dictionnaire et les brochettes, qu’il ramène en douce à la moindre occasion. Au grand désespoir de son épouse Eleni, qui régale ses convives de ses merveilleuses aubergines et qui finit toujours par avoir le dernier mot grâce à son bon sens à toute épreuve. Le petit théâtre de la vie de famille, la musique du nom des rues athéniennes paralysées par des embouteillages monstres, et surtout une critique sociale qui fait mouche font que chaque nouvelle enquête du commissaire Charitos se lit avec un égal bonheur. MD

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